Certificat d'aptitude à la plongée

Bien que la pratique de la plongée loisir ou l’apnée ne requiert pas d’être un athlète de haut niveau, être en bonne santé (en particulier sur le plan cardio-vasculaire) est nécessaire pour la pratique de ces activités. On observe effectivement dès l’immersion des phénomènes de redistribution sanguine qui sollicitent immédiatement le cœur. Par la suite, la respiration d’un air sec et la stimulation de l’excrétion d’urines pendant l’immersion vont induire une déshydratation du plongeur dont on connait le rôle déclencheur sur la survenue de certains incidents cardio-vasculaires. Le milieu aquatique dans lequel se déroulent ces activités pardonne peu la survenue d’une défaillance physique et il est donc logique qu’un examen médical initial suivi d’évaluations itératives soient de mise dans la pratique de ces activités.

Le bénéfice de ces évaluations médicales a été chiffré dans plusieurs études médicales et se traduit par une réduction fortement significative de la survenue d’incidents de décompression (d’un facteur 2,5). C’est donc en toute logique que les organisations qui encadrent la pratique de ces activités imposent aux pratiquants une évaluation médicale initiale suivie d’un suivi régulier. Les membres doivent fournir un certificat de non contre-indication à la pratique de la plongée sous-marine et à l’apnée.

Deux grands courants d’évaluation des nouveaux pratiquants coexistent aujourd’hui. D’une part les fédérations que l’on pourrait qualifier de traditionnelles, et d’autre part la fédération américaine PADI.

Les fédérations traditionnelles sont nées en 1948, à une période où la plongée sous-marine était encore embryonnaire et n’était encore pratiquée qu’à titre expérimental par quelques initiés. Flavian Borelli proposa de regrouper les 7 clubs de chasseurs sous-marins français dans la fédération des sociétés de pêche à la nage et d’études sous-marines. Ce fût la première société de pratiquants de sports sous-marins. C’est à partir de cette période que la plongée sous-marine va se développer sous la houlette de Jacques-Yves Cousteau, Frédéric Dumas et Philippe Tailliez qui fondèrent le groupe de recherche sous-marine. L’apparition des premières tables de décompression et l’invention du détendeur Mistral en seront les principaux promoteurs. Avant le détendeur Mistral, le CG45 (développé par Cousteau et Gagnant durant l’occupation et dont le brevet a été déposé en 1945 avant d’être commercialisé en 1946) avait été le premier détendeur commercialisé. Il a eu le monopole du marché des détendeurs jusqu’en 1955 ou le Mistral fût commercialisé (Air-Liquide sous la marque Spiro-Technique commercialisa le Mistral tout comme son prédécesseur). C’est alors que l’essor de cette discipline a été observé. En 1951, le groupe de recherche devient l’office français de la recherche scientifique pour devenir en 1955 la Fédération Française d’Etudes et de Sports Sous-Marins (FFESSM). C’est sous sur son impulsion que les premiers instructeurs de plongée seront formés et dont un examen sanctionne la délivrance du diplôme d’instructeur. Forte de ce développement (l’essor est international), elle mènera à la création en 1959 d’une confédération mondiale. La CMAS naît à Monaco, sous la première présidence de Cousteau. D’autres fédérations en sont issues ou inspirées telle la LIFRAS en Belgique francophone (La Ligue Francophone de Recherche et d’Activités Subaquatiques regroupe plus de 130 clubs).

PADI est l’acronyme de Professional Association of Dive Instructors. C’est une organisation d’origine américaine qui a été créée en 1966 et qui est reconnue au niveau international. Bien que créée plus tardivement que bon nombre de ses concurrentes, c’est aujourd’hui la plus importante organisation de plongée au monde. Depuis sa création, PADI a fait un gros travail sur le marketing, le contenu des formations, et la façon d’aborder la plongée sous-marine de loisir. L’organisation s’est efforcée de rendre la plongée accessible au plus grand nombre à force de marketing et de formations standardisées accessibles aux grand public. Plus récemment, PADI est à l’origine de la fondation « Project AWARE » dont la mission est de sensibiliser le monde à la protection du monde sous-marin. PADI s’est également associé à une organisation à but non lucratif portant assistance aux plongeurs le nécessitant (DAN : Divers Alert Network). En s’associant au plus grand réseau d’assistance aux plongeurs de par le monde, PADI a développé son image sécuritaire en donnant des formations standardisées et internationalement reconnues.

En matière d’évaluation médicale « initiale des plongeurs », la CMAS fera plus systématiquement appel à une évaluation par un médecin en lui laissant libre court en matière de prescription d’examens complémentaires. Partant bien entendu d’une bonne volonté, ce système se heurte au fait que bon nombre de médecins connaissent peu la médecine hyperbare et les points d’attention auxquels il faut être vigilant. Malheureusement, le nombre de médecins diplômés de médecine hyperbare est très faible, ce qui rend leur accessibilité fortement réduite. De plus, la réalisation d’examens complémentaires n’est parfois que faussement rassurant. A titre d’exemple, une épreuve d’effort régulièrement exigée dans ce système n’a une sensibilité (capacité à détecter un problème présent) et une spécificité (possibilité d’être bien portant alors que le test est positif) que de l’ordre de 70 à 75%…

L’évaluation initiale des plongeurs dans le système PADI se fait essentiellement par une auto-anamnèse (le patient répond à des questions visant à évaluer des atteintes systémiques). Si l’ensemble des réponses sont négatives, c’est bon. Si une croix est du mauvais côté, un examen médical est exigé. Le point faible est que la motivation des plongeurs en herbe pourrait les pousser à tout cocher du « bon côté »… L’instructeur doit être vigilant à sensibiliser ses élèves à répondre de façon objective !

Ces deux systèmes ont démontré leurs efficacités. A titre personnel, je pense qu’exploiter ces deux méthodes est le meilleur moyen d’apporter les points positifs de chacune des évaluations pour les additionner.