Oxygénothérapie hyperbarre

L’oxygénothérapie hyperbare consiste à administrer de l’oxygène aux patients à une pression comprise généralement entre 2 et 4 atmosphères à des fins thérapeutiques. S’il faut reconnaitre que les effets de l’oxygénothérapie hyperbarre sont de formidables sujets de recherche tant ces effets sont multiples et variés, ils faut aussi noter que les indications avérées (scientifiquement démontrées) sont bien plus restreintes.

Je vais tenter ici de ^résenter de façon factuelle les indications avérées d’oxygénothérapie hyperbarre. Aux Etats-Unis, en concertation avec la Food and Drug Administration, certaines indications d’administration d’oxygène hyperbare ont été établies et sont les suivantes :

  1. Suite à une embolie aérique ou gazeuse : un embole causé par la présence d’air dans une artère suite à une activité de plongée sous-marine ou à un acte médical invasif avec ponction artérielle ou effraction pulmonaire peut faire l’objet d’une oxygénothérapie hyperbare de façon efficace.
  2. Une intoxication au monoxyde de carbone compliquée de taux de carboxy-hémoglobine élevé peut faire l’objet d’une oxygénothérapie hyperbare. Dans ce genre d’indication, une intoxication au chlorure de méthyle représente également une intoxication.
  3. Une gangrène gazeuse à claustridium perfringens.
  4. Un crush syndrome.
  5. Une maladie de décompression.
  6. Une insuffisance artérielle avec problème de cicatrisation : y est inclus le pied diabétique qui affecte 1 patient sur 5 patient souffrant d’un diabète de type 2 et peut mener à une amputation, ceci représente une indication excellente d’oxygénothérapie hyperbare. Ont été ajoutées récemment à cette catégorie les occlusions de l’artère centrale de la rétine.
  7. Une anémie sévère.
  8. Un abcès intracrânien (en particulier chez les patients immunodéprimés).
  9. Une infection nécrosante des tissus mous.
  10. Une ostéomyélite résistante au traitement conventionnel.
  11. Une radionécrose différée secondaire à une irradiation endommageant les vaisseaux sanguins et occasionnant un déficit d’apport sanguin menant à une nécrose des tissus mous et éventuellement osseuse.
  12. Les greffes et lambeaux cutanés ou d’autres tissus utilisés en chirurgie reconstructrice.
  13. Les traumatismes par brûlure thermique.
  14. Les pertes soudaines idiopathiques de l’acuité auditive caractérisées généralement par une perte d’au moins 30 décibels d’acuité auditive sur trois fréquences contiguës si elle est prise endéans les trois jours.

A côté de ces 14 indications reconnues par la FDA, certaines études ont démontré que l’oxygénothérapie hyperbare pouvait être utilisée dans différents troubles de la santé. Cependant, ces indications restent non officiellement reconnues aux Etats-Unis et elles incluent :

  • Un accident vasculaire cérébral : plus de 30 études réalisées sur l’homme ont démontré qu’une oxygénothérapie hyperbare pouvait minimiser les lésions occasionnées par le trouble vasculaire et améliorait l’évolution si l’exposition était réalisée précocement après l’accident vasculaire. D’autres études ont montré que l’amélioration pouvait concerner des évolutions même sur plusieurs années après l’accident vasculaire cérébral, en particulier si celui-ci n’occasionnait pas de paralysie.
  • Les traumatismes cérébraux pour lesquels une réduction jusqu’à 60 % des décès a été observée suite à la réalisation d’une oxygénothérapie hyperbare.
  • Certains problèmes cardiaques tels qu’avant ou immédiatement après une chirurgie à cœur ouvert avec pour effet une réduction de 30 % des troubles cognitifs habituellement observés (troubles de mémoire, de la concentration).
  • Le traitement de la migraine.
  • Le traitement de l’autisme. Effectivement, l’autisme a été associé à une atteinte inflammatoire du cerveau et l’oxygénothérapie hyperbare agit via un effet anti-inflammatoire.

D’un point de vue européen, le Comité Européen de Médecine Hyperbare (ECHM) a établi plusieurs types d’indications d’oxygénothérapie hyperbare en fonction des troubles présentés par les patients. Pour les indications de type 1, il pourrait être considéré comme une faute médicale de ne pas traiter le patient par de l’oxygène hyperbare qui constitue dès lors une des clés d’un traitement efficace. Pour les indications de type 2, ce sont des indications dans lesquelles une oxygénothérapie hyperbare a réellement prouvé apporter des bénéfices mais exclusivement si elle est associée à un autre traitement. Pour les indications de type 3, il y a des arguments pour mais les preuves scientifiques ne sont pas indiscutablement établies.

 

Parmi les recommandations de type 1, on retiendra des indications de type urgent telles que :

  1. Un accident de décompression en plongée sous-marine.
  2. Une intoxication au monoxyde de carbone avec taux de carboxy-hémoglobine élevé.
  3. Une embolie gazeuse.
  4. Une infection à germes anaérobies ou à flore mixte.
  5. Une infection nécrosante de tissus mous.
  6. Une brûlure en cas d’intoxication au monoxyde de carbone concomitante.

Parmi les indications non urgentes, on retiendra :

  1. Une ostéo-radionécrose.
  2. Une prévention d’ostéo-radionécrose en cas d’extraction dentaire en terrain irradié.
  3. Une radionécrose des tissus mous à l’exception des radio-entérites qui représentent des indications de type 3.

Parmi les recommandations de type 2, on retiendra en indications urgentes :

  1. Un crush syndrome avec syndrome d’ischémie reperfusion post-traumatique.
  2. Des greffes ou lambeaux cutanés ou autres en situation de nécrose imminente par œdème ou ischémie.
  3. La survenue d’une surdité brusque.

Parmi les indications non urgentes, on retiendra :

  1. Une ischémie chronique critique chez un patient diabétique avec une pression capillaire en oxygène supérieure à 100 mm Hg à 2.5 ATA et 100 % d’oxygène délivré au patient.
  2. Une ischémie chronique critique sur artériosclérose avec une pression capillaire en oxygène supérieure à 50 mm Hg à 2.5 ATA et 100 % d’oxygène administré au patient.
  3. Une ostéomyélite chronique réfractaire à plus de 6 semaines d’antibiothérapie dirigée et au moins une intervention chirurgicale.
  4. Une ostéomyélite du crâne et du sternum.

Parmi les recommandations de type 3 dans les indications urgentes :

  1. Une intoxication au monoxyde de carbone mineure.
  2. Un syndrome de reperfusion après chirurgie vasculaire.
  3. Une réimplantation de membre amputé traumatiquement.
  4. Une encéphalopathie post-anoxique.
  5. Une brûlure sans intoxication au monoxyde de carbone de plus de 20 % de la surface corporelle totale au 2e ou au 3e degré.
  6. Une ischémie ophtalmologique aiguë par occlusion de l’artère ou de la veine centrale de la rétine.

Parmi les indications non urgentes :

  1. Les radionécroses intestinales de type radio-entérites ou radio-proctites.
  2. Les myélites post-radiques.
  3. En Belgique, c’est le Conseil Belge de l’oxygénothérapie hyperbare (asbl ACHOBEL) qui regroupe les différents centres hospitaliers disposant d’une chambre hyperbare, qui publie ses indications d’oxygénothérapie hyperbare telles que reprises dans le tableau ci-dessous.